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Unconditional
12 mai 2007

EXTRAITS 003

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Je hèle un taxi. La 406 s'arrête. Je me penche pour saluer l'armoire d'ébène qui conduit et scrute la couverture du Cosmopolitan laissé sur la banquette avec un coin corné. Des bikinis sur la couverture, "les préférez-vous négligés, musclés ou bronzés" : tout un programme, mais l'été est loin. Mon impasse se dévoile. 9 euros 80 : j'aurais tenu les 10. Je salue la copropriétaire du deuxième que je ne connaîtrai jamais. 4 tours de clefs. J'entre. L'entrée n'a pas changé. Alors pourquoi cette appréhension devant la porte chaque fois que je m'apprête à rentrer.

Allongé sur le lit. La couverture est chaude. Froid d'automne et plus rien ne m'importe. Ne m'importune non plus. J'ai la vague impression qu'une déferlante d'indifférence s'est abattue sur moi. Mes volets sont cassés et je ne vois plus dehors. Je me rappelle mon prénom et tente de joindre Charlotte. Je me relève d'ennui. Elle est dispo, fraîche et semble motivée pour passer dans ce coin retiré du monde qui nous a vu grandir. Je la rejoins en caisse devant l'île enchantée.

Plus tard, plus loin. L'endroit a changé à nos yeux.

- Alors ? tentai-je

Comme ces blocs gris mais brillants dont on a fait des bancs étaient tout ce qui restait de leurs plus belles années, Elle tenta de lire les gravures récentes que d'autres avaient écrites. Les traces fines et blanches de l'inscription altéraient à peine la surface lisse :

"- Si les feuilles rougissent, c'est qu'elles sont humiliées, lourdes et si esseulées qu'elles préfèrent se joindre à celles déjà tombées".. J'ai toujours pensé que les feuilles rougissaient parce que le soleil les brûle. Tout l'été il les cuit et les coups qu'il leur inflige n'agissent qu'avec un peu de retard.

- Et ceux-ci sont si forts qu'elles succombent après coups ?!
- Rien de pire que ce qui arrive à retardement"

Un courant d'air ventait une odeur étrange pour cette saison et cette température. Fin Octobre battait son plein. Cette odeur se dissipait dans l'humidité. La saison des étrennes approchait

"- Froid pour un mois d'octobre
- T'as pas pris d'autres fringues, Débile !?
- Je suis une petite fille, on doit prévoir pour moi. Attends que je devienne mère, et comme toutes les mères je penserai à tout. Tu lis en ce moment ?
- Prend ma polaire. Fait pas plus d'cinq là. Je vais relire un Malraux"

Daniel projetait à cette époque de relire les réalités et les comédies du monde. Le seul qu'il avait lu donc qu'il pouvait relire. Il la rattrapa des yeux. Elle l'avait distancé dans sa course et ses pensées. Elle courrait comme une fille. Nonchalamment, mais elle retenait ses deux ailes de vêtements de chaque côté : Un K-way blanc et un bandeau qui confinait ses cheveux. Un peu plus loin elle reprenait sa démarche habituelle : un buste en forme de femme, des hanches de future mère, longiligne jusqu'aux genoux, triangulaire en dessous. Ses deux jolis mollets semblaient se dévisser par le haut. Son expérience et sa perspicacité n'étaient plus seules à jouer de sa beauté, ses défauts anatomiques occupaient tout autant le créneau.

- Tu fais quoi ? re-tentai-je

Elle entendit et ne dit rien comme dans tous ces moments où l'on a plaisir à être pris pour cible par une question mais que les efforts pour répondre sont partis répondre ailleurs. Des amis ils en avaient tous deux mais n'offraient pas leur temps comme on offre un calendrier de l'année passée. Ils préféraient se le partager mutuellement, sachant que le temps de l'autre était quelque chose d'infiniment précieux, ils avaient l'impression d'y gagner au change.

 - Viens.. imposa Charlotte

Elle souhaitait élever le débat et des enfants ensuite. Elle devait trouver le père. Ou le voir simplement. Leurs étés avaient été chauds et colorés. Faits de piqûres d'insectes, d'insecticides et évidemment, ils rêvaient comme tout être humain conscient du rapport étrange qui lient certaines bestioles à l'homme, d'une moustiquaire. La moustiquaire sur baldaquin. Elle avait tant aimé ces films d'époque - quelle époque ? - dans lesquels la déco Indochinoise mixait rustique et exotique. Gracieux.  

"- On passe chez Nathan
- Où est ta Mustang ? "

La caisse. la boite à gant et les boîtiers de cassettes et les cassettes sans boîtiers.

" - Triture pas les portières. Celle de la place du mort est condamnée. Rentre par là.
 - Bien sûr. Je vais derrière, tu feras le taxi.
- Pareil derrière. Ou passe par le coffre
- Je connais pas le code du coffre
- 3 portes sur 4 sont condamnées pour pas que tu t'échappes après l'accident qu'on aura. et pour être sûr qu'on ne puisse pas nous sortir de là avant d'y être passés tous les deux
- Tu projettes de nous envoyer contre un arbre
- Tout en finesse.
- Il trouve ça drôle. Drôle de con
- Passe ça
- C'est quoi
- Attends qu'on entende
- On entend le craquement des vinyles, c'est un vinyle en forme de cassette dans un auto-radio
- Bessie Smith. Roule.
- Roule ta bosse carabosse ou je cabosse ton carrosse"

Quelle heure ? J'ai fait la sieste ? Oreilles vides : quelle musique ? trop de musique, penser à en revendre pour ne plus perdre du temps à choisir dans ces dédales de piles. Ai froid. Vais mettre Antartica en chauffant du lait. Dans quel monde vit-on ? Quelqu'un frappe. Quel con n'a pas vu la sonnette

" - Dany. Charlotte. Quelle heure chers amis ?
 - l'heure idéale, parce que je le vaux bien
 - Il est tard. Supra tard. J'en avais presque oublié jusqu'à votre existence. Schtroumfez à l'intérieur
 - Nathan..
 - Vous buvez quoi ?
 - Du thé indiqua Charlotte
 - Du con
 - Oui ?
 - Je voudrais un grand verre de glaçons avec de l'eau
 - Asseyez-vous, je vais vous chercher ça.
 - Je pars bientôt. Vacances ou je ne sais quoi.. proposa Daniel
 - Un coup de tête ou .. quoi ?
 - Non merci pas tout de suite.
 - Sérieusement.
- Vacances.. ou exode
 - ...Voilà vos gobelets. Alors.. tu vas où ?
 - Sais pas. Plus ou moins loin je pense. T'as un peu à manger aussi ?
 - Y à manger dans le frigo. Va voir. Prends ce que tu veux.
- Dany, tu sais où je rêve
- Ton Lit?..
- D'où je rêve ?
- Non, Charlotte ?
- Pas plus
- Afrique du Sud. L'Est de l'Afrique du sud. Enfin là, tout de suite. D'hab, je pense plus à l'Islande
- Pour les vacances ? s'inquiéta Daniel
- Non, pour plus. Plus tard. Bon j'y vais
- ++ "

Daniel rentre chez lui. En veilleuses : Ses codes ne marchent plus. Décidément Novembre approche. Une pluie fine dont il se demande un instant s'il ne s'agit pas de neige tellement il fait froid. Déjà. Quelques minutes de calme dans l'espace. L'atmosphère de ce cockpit unique. Au monde, on ne peut la vivre qu'en entrant. Par le coffre. Une ambiance tamisée par la couleur des portes, un beige assoiffé, l'odeur des mégots consumés il y a trois ans laissés dans le cendard et surtout le son de "Peaches" ou de "Golden brown" des Stranglers, de Bessie Smith ou tout autre artiste maintes fois encensé, par des HP détériorés au travers desquels seules quelques basses transitent. Sur le chemin du retour ce soir là, Il répudie Bessie pour écouter Snow in summer. Pense à l'été. A une fille et au temps. Il se disait qu'on voit le temps qui passe par le temps qu'il fait et se demande pourquoi seule la langue française tenait compte de ce rapport. Paris l'attend. Et il invente des lois, des règles. Pour sa conduite. Comme il se trouve étrange. Il devient sociable à force de l'entendre. Parce que le monde l'exige. Célibataire. comme il l'écrit dans tous ses papiers. Pas suffisamment de charges donc impossible de bénéficier des réductions d'impôts par la loi de Robien. Ni Borloo.

Il s'est encore fait appeler au boulot cette semaine :

- "Bonjour monsieur nous sommes de la société Immotruc-muche. Je vous appelle pour vous proposer un entretient gratuit avec l'un de nos consultants pour vous conseiller dans la réduction d'impôts et l'investissement. Je vous dérange ?
- Un peu mais je veux bien vous écouter encore un peu.. Je suis un vrai fumiste et j'en avais un peu marre de travailler.
- Oui, si tant est que vous avez suffisamment de charges pour que ça puisse être intéressant. Et que l'on puisse étudier votre cas avec la loi Borloo, pensez-vous pouvoir être intéressé ?
- C'est gratuit ?
- Oui
- Pourquoi pas..
- Dans ce cas j'ai besoin de connaître votre nom.
- Telorb
- Votre salaire..
- 2500 euros
- 2500, d'accord.. et me faudrait aussi vos charges.. vous êtes locataire, propriétaire..?
- locataire.
- Votre loyer ?
- .. 730 euros..
- Ok, 730.. je calcule.. 6 - 3 + 15 * 45 / 9.. ok bon ça a l'air bon. Je note votre nom. Quand pensez-vous pouvoir recevoir un de nos consultants. Il se déplace...
- lundi midi.. pas chez moi par contre.. vous êtes où ?
- Levallois..
- Oula.. bon on peut se donner rendez-vous devant la gare Montparnasse.. avec numéro..
- Pas pratique..
- Bon bref, il va passer à votre boulot. Lundi midi, ça va ?
- Oui... on fait comme ça
- Ok. Un charmante dame avec une très jolie voix va donc vous rappeler dans la journée pour confirmer cet entretien.
- D'accord, merci. Par contre est-ce que je peux savoir comment vous avez eu mon nom SVP ..?
- Par un annuaire ..
- Ok..
- Donc Une charmante dame va vous rappeler dans la journée pour confirmer cet entretien.
- Ok.. merci. Mais excusez moi encore.. je comprends pas comment vous avez eu mon numéro professionnel perso..
- Ah je sais pas. Vous savez nous on reçoit des listes de là haut..
- Comment voulez-vous que je sache ?
- Euh.. je disais ça comme ça
- Vous auriez pu le dire autrement pensez-y
- C'était naturel, excusez-moi.
- Pas de problème... c'est vrai : chassez le naturel il revient avec une clef à molette pour resserrer les boulons..
- Hein ?!...
- Merci, bonne journée.
Clac.

Charlotte s'endormait chez Nathan et s'y réveillerait surement. Elle rêva cette nuit là

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Commentaires
I
tes com manquent , tant pis, je vais arreter d'écrire un peu sur ce blog car c'est bof bof ce que j'écris, <br /> bisous @+( je vais aller relire tous les extraits oo& àoo"<br /> bon voilà, à bientôt.
X
coucou, oui ça va bien bien. Merci pour ce comm tres gentil if ! C'est l'extrait 003.. le fil n'est pas forcément facile à suivre mais on peut à peu près les mettre tous bout a bout. En ce moment je me sens plus poster ces textes écrits il y a quelques temps maintenant. Je ressens plus. Je suis plus effacé et purement informatif quand je ressens moins je crois :) .. ces jours-ci je suis plutôt très bien. Meme si pas souvent là. Je passe chez toi aussi.. et je lis tout !! meme si désol de pas commenter bcp. Bises & tbientot.
I
coucou!<br /> comment vas tu?<br /> c'est pas mal du tout ce texte, très mystérieux, beaucoup de plaisir à rentrer dans ton monde d'écriture,je ne savais pas que tu écrivais ,c'est une agréable surprise, <br /> bon dimanche<br /> zeeeeees. (c'est la fin dela bise)
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