Faminiarités
En
commençant à commenter ce
post de Vince
Je me suis rendu compte que ça méritait peut-être un post
Ce post est super riche. Il présente à la fois la pauvreté à Paris,
l'immigration de la misère - de Transylvanie ou pas loin - le problème de
suproduction des pays développpés, l'élargissement du besoin à plusieurs types
de personnes : Le clochard d'aujourd'hui n'est plus toujours identifiable, les
aspects humains les plus vils qui se développent quand on touche le fond
(égoïsme), la sectorisation géographique des nids de thune de la capitale.
Sans malheureusement apporter aucune solution à celà ici, la seule chose qui
m'inquiète est la dégradation de la situation.
Justement les pauvres tels qu'on les connaît aujourd'hui sont de tous types :
ceux qu'on peut voir dans des docus TV, avec un CDI, vivant avec leur famille
sous un tunnel du périph. et s'étant installé cuisine, chiottes..etc.. comme
dans une vraie maison. Les couples qui ont à deux un salaire bien bas mais sont
juste au dessus de la limite pour recevoir les allocs et vont donc caser leurs
gosses avec eux dans des caravanes de camping. Ca me rappelle les descriptions
du pauvre de la Silicon Valley (et c'est vers ça qu'on va : U.S thank you, We
want U) : Le mec qui avec plus de 10.000 Frcs de salaire il y a quelques années
qui n'avait pas de quoi se loger et payait le bus pour dormir dedans. Un bus
qui roulait toute la nuit pour revenir vers le boulot au petit matin.
Concernant la manière de faire, de se jeter sur les poubelles comme des
roumains le font à Nationale. Je n'y vois rien d'étonnant. Le besoin dissipe
toute forme de "manières", encore plus d'"éthique". Pendant
la guerre, toute les familles citadines étaient concernées par le manque..
toutes tentaient de trouver leurs petits plans persos pour acheter le
demi-poulet et les trois pommes de terre qu'un copain du copain de la soeur du
beauf avait pu ramener intra-muros. Et toutes les mères françaises auraient tué
pour chopper le ticket de rationnement de la voisine du dessous.
Pour relativiser aussi beaucoup, comme le dit Vince, ce n'est effectivement pas
la chose à faire parce qu'à trop relativiser on sort du monde. Et le monde
n'existe que dans la mesure où on vit et où pour certains vivre équivaut
simplement à manger. En gros, même en relativisant énormément, comme en se
disant que la vie n'est qu'un jeu et la planète le vaste terrain qui va avec
(ceci simplement parce qu'on sait que la grande faucheuse passera quoiqu'il
arrive), on ne peut pas supporter que des gens vivent ce "jeu" si mal
parce que pour eux il ne s'agit certainement pas d'un jeu. La légèreté et
l'absence du besoin permettent de relativiser. C'est tout.
Un commentaire du post précise par ailleurs qu'il est parfois
difficile de donner parce qu'on se fait entuber de temps en temps. Certes. Ca
arrive même bien souvent. Et ça s'ajoute à ceux qui sont dans le besoin de
refusent de l'aide. Si on peut en vouloir aux entubeurs, ce n'est pas le cas pour ceux qui ne font que refuser.
C'est juste pas grave. Je ne suis pas d'accord avec ce point de vue d'arrêter
de donner parce qu'on s'est fait bluesé une ou deux fois. A 12 ans de mon côté
je filais 20 fcs à de JFemmes de 25 ans qui, munies d'une pétition, se
targuaient de récolter des fonds pour les jeunes de leur quartier d'à côté (si
tu ne le faisais pas tu n'étais qu'un fils de riche je m'en foutiste de toute
manière). Quelques heures plus tard, je savais que j'aurais pu bien mieux
utiliser ces 20 fcs. A 16, avec ma meilleure amie, on se faisait entuber de je
sais plus combien (énorme) sur les champs par un acteur du niveau de Matt D.
Après discussion avec une passante qui l'avait rencontré la veille et qui nous
fait :
" - il vous a dit ça ??
- Oui !!
- Et ça !!
- Oui !!
- Non parce qu'il m'a dit la même chose hier...
- Ah ! (flûte!)" :)
Plus tard, étudiant à Paris, de nuit à côté du père LaChaise une
femme assise sur le trottoir sous une couverture m'envoie paître en me voyant
lui proposer de la bouff : Elle crie au scandale elle a déjà mangé. Il y a deux
jours, un russe devant le monop refuse une pièce : il a ce qu'il faut. Me
demande une clope : Je ne fume pas.
Simplement pour décrire certains types de déception qu'on peut avoir dans ce
contexte : il ne faut pas s'arrêter pour autant. Juste essayer de sentir. De
voir ou est le besoin et qui peut faire meilleur que nous de ce qu'on peut leur
donner (et ils sont nombreux malgré ces 2 premiers cas). Et ne pas s'arrêter à
un refus d'aide non plus.+
j'avais
écrit ça il y a quelques temps :
La société est un métro. Chacun s'y
colle. S'y maintient. Certains sont dedans. Ancrés. D'autres formes des gaines
par-dessus la coque des wagons. Agissant telles des sangsues. Tout le monde se
colle. Tout le monde se colle à la ligne 1. Le matin. Hommes et femmes sont
retenus naturellement. Lorsque la vie les arrache à cette rame, ils tombent.
Sont séparés du métro. Ne sont pas des rebus, reclus, parias. Ils sont des copeaux,
des sciures. Des copeaux lentement arrachés à la société comme on arrache un
copeau de bois lentement d'une planche au canif. Ils sont arrachés et restent
là où ils tombent. Dans une station quelconque, perdue au milieu d'autres.
Ils s'y
installent. Dans un havre de chaleur plus que de paix. Ils sentent l'alcool. On
les évite dans les wagons. Certains t'en parlent ensuite. Au boulot. Dans
l'atmosphère que tu croyais différente d'une entreprise à pied dans l'économie.
Certains disent "je suis monté dans un wagon qui semblait vide, j'étais
content mais trop rapidement j'ai compris. Ca puait tellement que j'ai été
obligé de descendre au suivant". Et comment faire, comment réagir. A qui
donner. Je donne toujours à celui qui me touche le plus. Mais les pièces
sorties dépendent moins de l'argumentation que de mon état propre. Donnera-t-on
plutôt à celui qui dit
"Et surtout pour rester
propre"
ou bien
"pour manger"
ou encore
"pour me payer ma chambre d'hôtel à.."
Je donnerais à celui qui accepte une pomme qu'on lui tend.
that's it.